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Interview Hélène S…

Interview Hélène Snyders

Depuis quand vous travaillez à la Reine Blanche ?

Depuis 5 ans, déjà, quasiment jour pour jour ! Je suis arrivée pour le spectacle Fission de Jacques et Olivier Treiner, une pièce qui met en scène les pionniers de la physique nucléaire, un grand moment de théâtre…

Comment vous en êtes arrivée là ?

Par un concours de circonstances !
Le Grand Parquet – théâtre du 18ème dans lequel je travaillais depuis trois années — avait fermé ses portes, du moins en tant que tel.
J’ai alors proposé à Elisabeth – que je ne connaissais que de nom — de mettre en place une programmation jeune public à la Reine blanche et, très vite, la personne en charge des relations publiques partant, Elisabeth m’a proposée de reprendre son poste.
Nous étions alors, à deux, en train de créer un pôle relations publiques au sein de la structure d’une attachée de presse–ce qui m’intéressait bien – mais travailler dans un autre théâtre du même territoire avec un projet artistique intéressant et original m’a vraiment séduite.
Culture et sciences pour tous, ça ne peut pas se refuser ! 

Ce qui m’a tout de suite plu à la Reine blanche, c’est le côté labo de recherche dans le sens lieu d’expérimentation avec un grand champ de possibles.
Toute discussion est possible et rien n’est imposé sans fondement.
Ça n’a l’air de rien mais…
On propose, on essaie et on voit. Par exemple nous avons essayé une programmation de musique du monde sur une saison. C’était formidable mais au vu du travail très important de relations publiques demandé, nous avons décidé de ne pas poursuivre. Nous l’avons expérimenté et c’est l’essentiel. Les exemples de ce genre sont multiples. Un lieu qui laisse une large place aux initiatives de chacun.e dans son domaine, c’est rare ! 

Vous faisiez quoi avant ?

Avant, j’ai travaillé dans un grand théâtre, La Ferme du Buisson/​Scène nationale de Marne la Vallée, puis dans un moyen/​grand théâtre, le Forum de Blanc Mesnil/​Scène conventionnée de Seine Saint Denis, ensuite dans un théâtre sur l’eau – la Péniche Opéra- puis au Grand Parquet – théâtre de ville et de quartier.
J’étais responsable du secteur enfance et jeunesse – programmation, relations publiques, action culturelle – puis responsable des relations publiques avec, en plus du jeune public, la programmation générale et les résidences d’artistes.
Avant – avant, j’ai été bibliothécaire puis ludothécaire.
Et encore avant, j’ai passé une maîtrise de conception et mise en œuvre de projets culturels, un diplôme de bibliothécaire et un DESS de sociologie de la culture. 

Comment vous définiriez votre métier ?

Les relations publiques, c’est passionnant parce que chaque spectacle est un challenge. Une nouvelle aventure. Une page blanche.
C’est toujours un peu effrayant, vertigineux même au départ et, très vite, passionnant.
On regarde cette page, on réfléchit, la remplit, on la rature, on la complète…ce n’est jamais fini, toujours en chemin.
Allons-nous parvenir à trouver et surtout à convaincre les « publics cibles », chaque fois différents ?
C’est un travail qui se fait aussi le plus souvent en complicité avec les programmateurs et les artistes – la différence est très importante selon le degré d’implication de l’équipe artistique.
Et puis, une fois cette page remplie, tout reste à faire !
Contacter, rencontrer les personnes, les inciter à, leur expliquer pourquoi ce spectacle est absolument essentiel…

Les relations publiques c’est avant tout des relations humaines.
Le spectacle m’intéresse en tant qu’objet artistique et aussi en tant que vecteur de lien, entre le public et les artistes, entre les publics.
Organiser des rencontres – débats, partager un moment informel après le spectacle, tout ce qui permet de tisser des liens est très important. 

Les qualités d’une responsable des relations publiques ?

Elles sont multiples !!!
L’évidence : aimer le spectacle vivant et les gens, de manière très générale.
La devise : cent fois sur le métier…donc, de la persévérance, une envie d’aller vers les gens et de partager avec eux son goût pour le spectacle vivant. De la curiosité, une dose de culot, une propension à entrer par la fenêtre quand on ne peut pas le faire par la porte, une facilité à communiquer et à partager son enthousiasme, savoir adapter de son discours en fonction de son interlocuteur…

Ce que vous préférez dans ce travail ?

De la même manière qu’il y a un grand nombre de spectacles différents, il y a un grand nombre de publics différents.
Ceux qui sont acquis, c’est confortable en terme de relations publiques. Ils sont assez rares mais ils existent.
Et les autres… 

Ce qui m’intéresse tout particulièrement c’est d’amener de nouveaux publics, ce qu’on appelle le « non public », celui qui est éloigné culturellement, socialement,
qui est persuadé que le théâtre « ce n’est pas pour lui».
C’est rencontrer des personnes, des associations, des établissements scolaires qui sont peu familiers du théâtre et qui, la première fois vont venir « à reculons » et, petit à petit, vont découvrir, s’apercevoir qu’au théâtre on ne s’ennuie pas forcément et qu’on peut même avoir du plaisir, ressentir des émotions et avoir envie de revenir.
Reste à choisir les spectacles en adéquation avec les publics, d’accompagner ces sorties par des rencontres « bords plateaux », de faire régulièrement des points avec les responsables des groupes pour avoir les retours, bref, de mener un travail avant, pendant après.
C’est ce cheminement, ce « parcours », (disons-le) qui va d’un point A à un point….variable, qui est loin d’être une ligne droite, qui m’intéresse particulièrement. 

Ce qui me plaît aussi beaucoup c’est ce cheminement, ce passage qui va de mes premières rencontres avec des spectateurs potentiels pour qu’ils viennent découvrir des spectacles jusqu’au jour où c’est eux qui me demandent « c’est quoi le prochain spectacle à la Reine blanche ? » (ce qui peut prendre plusieurs années ). 

J’aime bien aussi — mais…faut-il le dire ?- quand la technique, la billetterie…tout le monde est dans l’interrogation, l’émulation : comment allons-nous faire pour que tout le public rentre ?
Ça s’appelle un dépassement de jauge, ce n’est pas conforme du tout mais…c’est un plaisir quand même ! 

Le plus difficile dans ce travail ?

C’est que parfois, même si le travail est accompli et que la qualité du spectacle est indéniable, le public n’est pas au rendez-vous. 

Si vous deviez définir en quelques mots la particularité de ce qu’est la programmation jeune public ?

Oulala, en quelques mots, c’est difficile, il me faudrait au moins 1h !

En paraphrasant Stanislavksi – grand metteur en scène russe des années 1900 — qui affirmait qu’un spectacle pour les enfants c’est un spectacle pour les adultes en mieux , je dirai que j’essaie de faire mieux que mes collègues pas jeune public mais… c’est difficile ! 

La particularité de la programmation jeune public à la Reine blanche c’est qu’elle a le mérite d’exister, d’avoir une vraie place, même si elle doit se glisser souvent dans les (petites) interstices laissés par les spectacles « du soir ». 

Elle est pluridisciplinaire avec une part importante donnée aux spectacles musicaux, souvent légers techniquement parlant. Elle permet un travail avec un public de proximité, des partenariats avec les écoles maternelles et élémentaires voisines mais pas que et des représentations scolaires et parfois tout public. 

Anecdote : en ce samedi après-midi d’hiver, la salle est remplie, de familles du quartier, de toutes les cultures pour ce spectacle de Steve Waring pour lequel nous avons mis en place un partenariat avec des écoles et des associations.
Quand, ensemble, sur la chanson Tourterelle, toutes les mains se lèvent, beaucoup fredonnent et que tout le monde sort avec un grand sourire aux lèvres en demandant quand a lieu le prochain spectacle, c’est la plus belle des reconnaissances. 

Comme je crois avoir largement dépassé mon temps de parole, je vous propose une prochaine interview spéciale jeune public, j’aurai beaucoup de choses à dire !

Comment on fait si on veut devenir responsable des relations publiques et/​ou chargé.e de programmation jeune public ?

Bien sûr, une formation, voir le plus possible de spectacles (et surtout les meilleurs…), lire des critiques, et puis, faire des stages dans différents types de structures afin que voir celle qui correspond le mieux à ses aspirations.

Interview Hélène Snyders - © Reine Blanche